"Bois d'oeuvres"

Samedi dernier, à la toute fin de cette première journée de répétition à Charlesbourg, si riche en émotions partagées et en énergies empilées, Carole m’a invité à présenter succinctement le concept que le comité musical m’avait demandé d’élaborer pour tisser la trame de notre spectacle. Je me suis alors exécuté ad libitum. Or comme je suis rarement satisfait de mes laïus improvisés, et que je manie mieux la langue écrite que parlée, j’ai pensé opportun de vous communiquer plus adéquatement, par l’entremise de mon clavier, ce que qu’une muse sylvestre m’a inspiré.

Fils d’ingénieur forestier et ancien 4-H, natif et amant fidèle de Québec, choriste passionné, telles sont mes références pour avancer cette proposition scénique que j’ai appelée « Bois d’œuvres ».

L'amorce
Altier, un cap surplombe un fleuve immense et sauvage qui pourtant, ici, par déférence se rétrécit. Partout sur les rives, sur le ruban de basse terre ceignant ce roc plein de majesté, comme dans la falaise qui monte, et tout là-haut sur un grand plateau, la forêt domine. Depuis des lunes et des lunes, le cycle de vie règle immuablement l’occupation de ces espaces. Saison après saison, feuillus et conifères y renouvellent leurs épousailles millénaires. Tout en pousse, mais déjà superbe, un jeune chêne rouge se manifeste…

Une variante de l’amorce précédente
Au jeune chêne se substitue un vieux chêne de quelque quatre cents ans. Il témoigne de ce qu’il a vu tout au long de sa vie.

Un arbre, des arbres
« Grand témoin » de la rencontre de l’homme et de « Kébec », ce chêne rouge n’est pas le seul à s’exprimer. Tout au fil du propos, il pourra ainsi relayer la parole à des spécimens d’autres espèces (érables argentés, sapins baumiers, ormes, hêtres, etc), observateurs eux aussi de l’appropriation de leur environnement par les gens d’ici. Il pourra même y avoir des dialogues entre ces interlocuteurs végétaux. Par ailleurs, cet arbre narrateur aura de plus besoin de projeter sa propre pérennité par-delà 2008.

De l’arbre au bois
Outre son état naturel et dans la nature, l’arbre discourra aussi sur divers usages de vie utilitaire de ses congénères. C’est ainsi qu’au gré des thèmes évoqués par les chansons ou leurs contextes ou leurs références élargies, l’arbre devenu matière, l’arbre devenu bois, revivra sous autant de formes qu’il peut y avoir d’objets pertinemment évoqués ou suggérés. Entre autres « incarnations plus ou moins volubiles, ce pourrait être tout autant des raquettes que des rondins de palissades, de l’écorce miraculeuse, qu’un totem ou deux, des planches de la Terrasse, des claquoirs d’Ursulines, des poteaux de téléphone limoulois, des « pitounes » prêtes pour « l’Anglo », des marches de l’escalier de la Pente-Douce, des mâts grands et petits, le bâton de Jean Béliveau ou la guitare de Félix…

Dans les prochaines semaines, en concertation avec nos co-directrices artistiques Carole et Gisèle, notre metteur en scène intéressé, Cyrille Gauvin–Francoeur, et moi-même travaillerons de concert pour dégrossir ce synopsis, lui donner chair ou plutôt fibre et faire en sorte d’embouveter les pièces chantées en un ordonnancement judicieux incorporant aussi les textes, les musiques, les éclairages, les compléments visuels, etc.

Il est encore possible d’enrichir cette ébauche. J’invite donc celles et ceux qui auraient des idées, des éclairs, à me les communiquer directement ( guy.gagnon52@sympatico.ca ). Si cela est approprié, je tenterai évidemment de les intégrer.

Bonjour Denis,

Je suis enchantée que le fil conducteur/témoin du concert soit cet arbre multicentenaire. C'est Raymond Francoeur qui doit être content. Il est choriste dans la chorale Coeurs en fête du cégep de Sainte-Foy et était présent à la répétition intensive de samedi. Raymond est professeur au départment de technologie forestière. Cette orientation du spectacle est une formule gagnante. Félicitations d'y avoir pensé.

Personnellement j'aurai l'impression de rendre hommage à mon père qui, dans ses jeunes années, passaient ses hivers à chanter dans la forêt nouveau-brunswickoise en buchant pour les Irving et notre gagne-pain. Merci pour la chanson de Vigneault sur l'hiver qui tarde à passer parce que "l'homme est parti pour travailler". Ça me rejoint beaucoup. Je suis convaincue que beaucoup de spectateurs feront instinctivment beaucoup de liens de ce genre, que ce soit consciemment ou inconsciemment.

Madame Adrienne

Que voilà un texte fort intéressant ! Chapeau, monsieur Gagnon !

De chênes majestueux, coule l'essence même, de la noblesse du bois d'oeuvres.

À toutes les "mains" qui s'y sont mis, même à la pâte, je dis MERCI !


Réjean

Merci, merci de cette belle initiave de votre part M. Gagnon d'avoir établir le fil conducteur
comme dit Mme Richard avec La FORÊT.
Elle est omniprésente, elle est la survie de beaucoup de régions, c'est un LIEU DE DÉTENTE, de RESSOURCEMENT.. La fôret et le bois...Ah...

«Le chêne esssence de noblesse que nous retrouvons sur les sols profonds, bien ancré, avec sa racine pivotante.
Le nom générique, d'origine celtique, signifie: arbre par EXCELLENCE
Son nom latin: Quercus rubra var. borealis (Michx.f.) que l'on retrouve dans la ville de Québec.
C'est l'un des arbres de l'Amérique les plus anciennement introduits en Europe.
Bois pesant, fort, à grain serré, brun rougeâtre,à aubier plus pâle, employé dans la construciton, l'ébénisterie, la tonnelerie.» Frère Marie -Victorin, É.C.
Bois d'oeuvres...Bois d'apparences...Durabilité...Chaleurs...Harmonie...VIE

Raymond Francoeur ing.f.
Coeurs en Fête